Tout ce qui était, qui est, et qui sera jusqu'à la fin des temps se trouve dans la Torah, et pas simplement dans un sens général, mais dans les moindres détails de la vie de tous les individus depuis le jour de leur naissance jusqu'à leur mort, et aussi bien de chaque animal et être vivant qui existe, et de chaque plante, et de tout ce qui pousse ou est inerte.

Rav Eliyahou Ben Shlomo, dit "le Gaon de Vilna"

Le génie de Vilna

Le Gaon de Vilna

Rav Eliyahou Ben Shlomo, appelé le Gaon de Vilna (Génie de Vilna) naquit en 1720 à Vilna en Lituanie.

Il aurait manifesté des dons aussi précoces qu'extraordinaires, notamment une mémoire prodigieuse : à trois ans, il avait dit-on mémorisé la Bible ; à sept ans, apprenant le Talmud sous l'aile de Moshe Margalit, rabbin de Kaidan, il retint là aussi nombre de traités par cœur ; à huit ans, il étudiait l'astronomie au cours des repas. À dix ans, il put continuer ses études sans précepteur.

À un âge plus avancé, il pérégrina à travers la Pologne et l'Allemagne comme il était de coutume chez les Talmudistes à l'époque.

Il revint à Vilna en 1748, déjà auréolé d'une renommée considérable. Âgé d'à peine vingt ans, il recevait la visite de rabbins bien plus âgés pour trancher sur les questions halakhiques les plus épineuses.

Il était également prisé des savants non-juifs, qui appréciaient grandement ses connaissances en mathématiques et en astronomie.

Le Gaon de Vilna affirmait que toute la connaissance universelle se trouvait confiné dans la Torah, ainsi que les détails de la vie de chaque individu. A ceux qui voyait plutôt dans cette affirmation une forme de métaphore religieuse, le Gaon tenait à préciser qu'elle devait être comprise de façon absolument littérale. 

L'histoire raconte qu'un jour un étudiant de passage à Vilna, pour le mettre à l'épreuve, lui posa une question à laquelle il ne pouvait pas s'être préparé: "Si vous dites que la vie de chaque individu se trouve dans la Torah, alors montrez-moi où je peux trouver le Rambam?"

 

Le Rambam (Rabbi Moshe Ben Maimone), appelé aussi Maimonides, fut l'un des plus illustres Grands Sages du Judaïsme post-biblique; il naquit en Espagne en 1138 de notre ère et mourut en terre d'Israel en 1204. En plus d'être un des plus grands érudits du Judaïsme, Maimonides était astronome, mathématicien, philosophe, et médecin à la Cour d'Egypte. Son oeuvre principale est le Mishne Torah, ouvrage magistral de 14 livres, qui traite de tous les détails de l'observance du Judaïsme; il constitue encore aujourd'hui le socle de la loi rabbinique. C'est dans cet ouvrage que le Rambam avait fixé à 613 le nombre des commandements (mitsvot) de la Torah.

 

Le Gaon invita immédiatement son visiteur à ouvrir le livre de l'Exode au chapitre 11 et au verset 9 : 

"L'Éternel dit à Moïse : Le Pharaon ne vous écoutera pas, afin que mes prodiges se multiplient dans le pays d'Égypte". En hébreu, les quatre premières lettres de cette dernière phrase: resh, mem, beth, mem, constituent les quatre lettres du Rambam:

Bien entendu, ceci n'est pas une séquence de lettres équidistantes; un tel exemple n'a statistiquement rien d'impressionnant, mais il nous montre avec quelle méticulosité un érudit comme le Gaon de Vilna étudiait la Torah dans ses moindre détails.

Le Gaon de Vilna n'était pourtant pas un mystique, il était connu pour son rationalisme, réfractaire à toute manifestation extatique et farouchement opposé au mouvement hassidique naissant. Son génie fut entre autres, de pressentir avec une certitude absolue ce que Rabbi Weissmandl et le Professeur Rips allait découvrir après lui.

Pour en revenir à Rabbi Weissmandl, au dire de ses élèves, celui-ci avait accumulé une quantité considérable de travaux sur les codes, des cartons entiers qui furent malheureusement perdus dans sa fuite; après son arrivée aux Etats-Unis, ils ne voulut pas reprendre ces recherches ni les faire publier, mais en laissa la liberté à ses élèves, ceux-ci rapportèrent que le Rabbi avait découvert encodés dans la Torah plusieurs centaines de noms des Grands Sages de l'histoire d'Israel (Gedolim) ayant vécu du 1er au 19ème siècle de notre ère, mais très peu de ses découvertes purent refaire surface; l'une d'entre elles concernait précisément le Rambam et ses 613 mitsvot:

A proximité du verset considéré par le Gaon de Vilna comme une référence au Rambam, Rabbi Weissmandl trouva le Mishne Torah, l'oeuvre maitresse du Rambam, apparaissant dans ce passage dans une séquence de 50 lettres, de la façon suivante:

  • Le mot "Mishne" en code 50, croise le verset d'Exode 11:9 dans lequel le Gaon découvrit le nom du Rambam.
  • Le mot "Torah" apparait plus loin en code 50. Les deux mots "mishne" et "torah" étant séparés de 613 lettres, exactement le nombre de commandements (mitsvot) de la Torah établi par le Rambam.

Bien que cette découverte soit impressionnante, on ne peut pas lui donner de valeur statistique, car il ne s'agit pas d'une expérimentation faite a priori, avec un protocole bien déterminé.

Un ami proche de Rabbi Weissmandl, Siegmund Forst, relata ces découvertes des grands Sages d'Israel encodés dans la Torah.

Rips et ses collaborateurs auraient pu tout simplement écarter de telles assertions, les considérant comme ridicules par principe; cependant, que ce soit par respect pour Rabbi Weissmandl, par une géniale intuition ou par simple curiosité, ils décidèrent d'effectuer des recherches à ce sujet.

 

Evidemment, le Professeur Rips et ses collaborateurs étaient conscients du bouleversement que de telles affirmations, si elles venaient à être validées, ne manqueraient pas d'occasionner dans les milieux scientifiques, et de la farouche opposition qu'elles susciteraient. Il fallait donc continuer les recherches avec une rigueur mathématique absolue, et établir un protocole expérimental sans faille avant leur divulgation.

Cette expérimentation allait conduire à la fameuse publication de 1994 dans la revue Statistical Science.

Dès lors, de plus en plus de mathématiciens, de rabbins, ainsi que d'exégètes juifs, chrétiens, et profanes allaient commencer à s'intéresser à ces découvertes et à se joindre aux recherches; les premières conférences sur les codes de la Torah furent données a l'Institut Aish HaTorah de Jerusalem, et attirèrent l'attention de nombreux scientifiques internationaux, y compris parmi les plus sceptiques.

Par la suite, de nombreux scientifiques, statisticiens et mathématiciens des Universités de Harvard, Yale et Carnegie-Mellon, essaierons sans succès de trouver une faille aux expérimentations; c'est alors que commencera la controverse mondiale des codes de la Torah, qui dure jusqu'à ce jour.

Nous examinerons quelques unes de ces découvertes déroutantes des grands Sages d'Israel avant de décrire le protocole d'expérimentation, les vérifications les plus drastiques qui furent appliquées pour que la publication soit acceptée, puis les ultimes arguments des opposants. Nous aborderons ensuite une ébauche de réflexion métaphysique sur l'implication de ces découvertes.

Les grands Sages d'Israel

De 1985 a 1987, Doron Witztum produisit une série de tables remarquables, dont celle du Gaon de Vilna, que nous venons juste d'évoquer, qui impressionna fortement le Professeur Rips:

"Le Gaon" (hagaon) et "de Vilna" (mevilna) apparaissent dans la Genèse en code minimal dans une proximité absolue: un fragment d'à peine 46 lettres sur les 78064 lettres de la Genèse.

La probabilité qu'un texte contenant des ELS aléatoires d'une population de textes de contrôle de la taille de la Torah (monkey texts) produisent une table d'une surface aussi petite est de 70.5 / 10 000

Rabbi Moshe Cordovero fut l'un des grands Kabbalistes du 16ème siècle; il vécut à Safed  en terre d'Israel, sous la domination ottomane. Auteur de nombreux livres sur la Kabbale, il était également dès son plus jeune âge un érudit dans le talmud et un philosophe de la plus haute distinction.

Vers 1550 il fonde une académie d'études kabbalistiques qui fera de Safed le centre universel de la Kabbale.

L'ouvrage majeur de la Kabbale est le Zohar, rédigé originellement en Araméen, dont la paternité est attribuée a Rabbi Shimon Bar Yohai au 2ème siècle, mais sa compilation finale est l'oeuvre de Moïse de Leon au 13ème siècle. Tous les Kabbalistes ultérieurs sont des commentateurs du Zohar.

 

 

Dans un cylindre de 1097 colonnes, Doron Witztum découvrit d'abord le nom complet: "Rabbi Moshe" "Cordovero".

La probabilité pour que des textes de contrôle produisent une table de surface aussi petite est de 41 / 10 000.

 

 

Continuant la recherche, Rabbi Glazerson rentra ensuite le mot-clé "Kabbalah", il apparait alors en haut dans cette même table.

La probabilité pour que des textes de contrôle produisent une table de surface aussi petite avec ces 3 mots est de

6.5 / 10 000.

Il rentra également le mot-clé "Zohar", et celui-ci apparait également à droite dans la même table (ci-dessous).

La probabilité que des textes de contrôle produisent une table de surface aussi petite avec ces 3 mots est de 5.5 / 10 000.

Il est intéressant de dévoiler ici ce que Rabbi Moshe Cordovero écrivit dans un de ses ouvrages, Pardes Rimonim (Jardin de Grenadiers), qui est un volumineux commentaire du Zohar:

"Les secrets de notre sainte Torah sont révélés au travers de la connaissance de combinaisons, numérologie (guematria), permutations de lettres, premières-et-dernières lettres, formes des lettres, premiers-et-derniers versets, sauts de lettres (ELS), et combinaisons de lettres."

Ces choses sont puissantes, cachées et très secrètes. A cause de leur occultation, nous n'avons pas la capacité de les comprendre pleinement. De plus, tout ce que l'on peut découvrir par ces méthodes est infini et sans limite. En cela la Torah dit: Sa mesure est plus grande que le monde."

Rabbi Isaac Louria (1534-1572) est considéré comme l'un des plus grands penseurs mystiques du Judaïsme. Il fut un contemporain de Moshe Cordovero, qu'il rejoignit a Safed en 1569 et avec lequel il continua d'étudier et d'enseigner la Kabbale jusqu'à sa mort.

Une recherche avec les mots-clé "Kabbale" et "Zohar" associé au nom "Issac" "Louria" produisit cette table de 16 colonnes où les mots-clé apparaissent à extrême proximité.

La probabilité de produire une table aussi compacte dans une population de textes de contrôle est de 9.5 / 100 000.

Confrontés à de telles découvertes, statistiquement incontestables, le Professeur Rips et son équipe émirent l'hypothèse que la Torah pouvait littéralement contenir toute l'histoire de l'humanité, selon ce que qu'affirmait le Gaon de Vilna.

 

Nous arrivons donc maintenant à une étape de la présentation où il sera bien sur tout à fait naturel pour le lecteur non averti de faire preuve du plus grand scepticisme, quelles que soient d'ailleurs ses convictions métaphysiques ou religieuses.

Le premier objet de la réflexion est simple, il s'agit de répondre à la question suivante: Le phénomène des codes de la Torah est-il réel ou pas? La réponse à cette question ne peut être donnée que par l'expérimentation mathématique, son langage est celui des statistiques, le débat philosophique ou religieux n'a pas sa place à ce stade, il vient après.

Par la suite, face à l'accumulation des évidences, le rationaliste ressentira inévitablement une forte dissonance cognitive, qui l'amènera à rejeter les évidences, soit en les ignorant, il vous dira alors d'emblée que ça n'a aucun sens, ou bien en rationalisant les faits, afin de préserver son système de croyance.

 

Les dernières découvertes de l'équipe de Rips étaient effectivement inacceptables pour les rationalistes, du fait qu'elles décrivent des évènements qui se sont produits bien longtemps après la rédaction de la Torah; cependant, pour celui qui considère la Bible comme un livre prophétique, ces dernières tables, statistiquement valides, ne seront en elles-mêmes pas plus surprenantes que celles que nous avons explorées jusqu'à présent. Nous reviendrons ultérieurement sur le caractère prophétique des écrits bibliques, après avoir décrit le protocole expérimental, examiner les preuves statistiques et les contre-épreuves, et observer quelques tables.