Le roi dit alors à Esther, la reine : « A Suse-la-citadelle, les Juifs ont tué, anéantissant cinq cents hommes plus les dix fils de Haman. Dans le reste des provinces royales, qu’est-ce qu’ils ont dû faire ! Mais quelle est ta demande ? Elle te sera accordée ! Quelle est encore ta requête ? Ce sera fait ! »

Esther répondit : « S’il plaît au roi, que demain aussi il soit accordé aux Juifs de Suse d’agir selon le décret en vigueur aujourd’hui, et qu’on pende les dix fils de Haman au gibet. »
« Ainsi soit fait », dit le roi. Le décret fut promulgué à Suse. On pendit les dix fils de Haman.
Esther 9:13-14

 La fête de Pourim commémore la délivrance miraculeuse du peuple Juif d’un massacre de grande ampleur, planifié à leur encontre par Haman l’Agaggite dans tout l’Empire perse au temps du roi Assuerus, au cinquième siècle avant notre ère.

Ces événements sont relatés dans le Livre d’Esther, qui est un des livres du TANAKH 

La fête est célébrée chaque année à la date du 14 Adar (qui correspond, selon les années, à la fin du mois de février ou au début de Mars dans le calendrier grégorien).

Contexte historique

 Les livres de Daniel (chap. 1-9) et d’Ezra (chap. 1-6) nous donnent le contexte du livre d'Esther. Le récit se passe au cinquième siècle avant J-C, époque où le peuple juif, déjà exilé en Babylonie, avait perdu sa souveraineté et son sanctuaire. L'empire babylonnien était tombé aux mains des Perses et leur empire s’étendait alors de l’Inde à l’Ethiopie. Le roi de Perse Cyrus avait donné la permission aux Juifs de retourner a Jerusalem et d’y reconstruire le Temple. Une partie du peuple s’y était rendue et, dans des conditions difficiles, avait jeté les fondations du second temple. Sous le règne d’Assuérus, les Samaritains, intriguant contre les Juifs, les accusèrent de vouloir se révolter contre la Perse ; le roi prêta foi à ces accusations et fit arrêter la construction du Temple. Les travaux ne purent être repris qu’au temps de Darius.

 L’histoire de Pourim se situe donc à une époque où une partie du peuple juif se trouvait en Israël attendant de pouvoir réédifier le Temple ; l’autre était dispersée dans l’empire perse. A Suze, lieu de résidence du roi Assuérus, il y avait également une communauté juive : c’est là où notre récit se déroule.

Histoire de Pourim

La troisième année de son règne, le roi Assuérus fait donné un festin durant cent quatre-vingts jours et y convie les satrapes et les notables des cent vingt-sept provinces de son royaume. A la fin de ces festivités, il invite pendant une semaine tous les habitants de Suze à un nouveau festin. Le dernier jour, le roi envoie l’ordre à sa femme, la reine Vashti, de paraître afin de montrer à tous sa beauté à tous les peuples. Vashti refuse. Le roi en colère consulte les Sages pour savoir ce qu’il convient de faire en pareil cas, et l’un d’eux lui conseille de répudier Vasthi et de choisir une autre reine.

 Assuérus, cherchant une nouvelle reine, fait réunir les plus belles jeunes filles du royaume. Parmi celles-ci, Esther, attire les sympathies de tous et est choisie. C’est une orpheline juive, nièce et pupille de Mardochée. Elle devient donc reine et, suivant le conseil de son tuteur, ne fait pas connaître son origine. Elle continue à garder contact avec lui, suivant ses instructions et ses conseils.

 Entre-temps, Mardochée découvre un complot contre le roi et l’en prévient par le truchement d’Esther. Le fait est consigné dans le livre des Annales mais aucune récompense ne lui est donnée.

 Assuérus élève ensuite Haman, descendant d’Agag (roi des Amalécites), au plus haut rang de la hiérarchie. Tout le monde doit se prosterner devant lui, mais Mardochée refuse.

 Rempli de haine contre Mardochée, Haman veut exterminer tous les Juifs. Il procède à un tirage au sort qui désigne le 13 Adar comme date propice au massacre. Il persuade le roi de donner son accord, lui offre même une somme énorme en échange des pleins pouvoirs. Ils lui sont remis et un décret royal publié dans tout l’empire annonce que la population entière doit se tenir prête à la date susdite.

 Apprenant le funeste décret, Mardochée fait dire à Esther d’intercéder auprès du roi pour sauver son peuple. Elle accepte mais lui demande de faire décréter d’abord un jeûne de trois jours dans la communauté juive de Suze, car la reine elle-meme ne peut pas se présenter devant le Roi sans y avoir été appelée.

 Le troisième jour, Esther, au péril de sa vie, se présente devant le roi et l'invite avec Haman à une fête intime. Au cours du banquet, Assuérus lui demande ce qu’elle désire et Esther ne le dévoile pas. Elle invite pour le lendemain le souverain et Haman à un nouveau festin et promet à cette occasion de faire connaître au roi sa requête. Haman sort du banquet royal gonflé d’orgueil et de joie. Croisant Mardochée qui ne s’incline pas devant lui, il est pris d’une fureur irrésistible. La nuit même, il érige une potence et attend le lever du jour pour recevoir du roi l’autorisation d’y pendre Mardochée.

 La même nuit, Assuérus, ne comprenant rien à la signification du dîner offert par Esther, est tourmenté et ne parvient pas à trouver le sommeil. Il ordonne à ses serviteurs de lui lire les Annales. Comme par hasard, le livre est ouvert à la page où est consigné le bienfait de Mardochée. Le roi veut le récompenser au plus tôt. A l’aube, Haman se présente devant le souverain qui, ne lui laissant pas le temps de formuler sa requête, veut connaître quelle rétribution il proposerait pour un homme de mérite. Haman, croyant qu’il s’agit de lui-même, propose qu’on le fasse chevaucher en tenue royale dans la capitale pendant qu’un dignitaire proclamerait à ses côtés : “Voilà ce qui se fait pour l’homme que le roi veut honorer !” Assuérus dit à Haman que les honneurs sont destinés à Mardochée et que le dignitaire sera Haman en personne. L’ordre est exécuté.

 Sans avoir eu le temps de se remettre de sa honte, Haman doit se rendre au festin d’Esther. Au cours du banquet, Esther révèle au roi qu’elle est juive et accuse Aman de tramer un complot contre la reine et son peuple. Assuérus, sous l’effet de la surprise, entre dans une grande colère (il avait déjà donné son accord à Aman). Dans sa fureur, il quitte la salle. Aman, saisi de panique implore la pitié d’Esther et trébuche sur le divan. Le roi revient et, croyant (ou prétendant) que Haman veut faire violence à la reine, prononce son arrêt de mort. Un serviteur révèle qu’Aman avait préparé une potence pour Mardochée (qui avait sauvé la vie du roi) et, immédiatement, le Roi ordonne qu'on y pende Haman, l'ennemi des Juifs.

 Assuérus, apprenant que Mardochée est l’oncle de la reine, le nomme premier vizir à la place de Haman, et établit aussitôt de nouveaux décrets proclamant le 13 Adar comme journée d’autodéfense pour les Juifs. Les ennemis des Juifs, dont les dix fils de Haman sont tués.

 Le 14 Adar, lendemain de la victoire, devient, à la place d’un jour de deuil, un jour de fête. Tous ces faits sont consignés par Mardochée et Esther dans un mémoire s’intitulant la Meguila (le rouleau) d’Esther.

 En commémoration de cet évenement, le 14 et le 15 du mois d'Adar furent des lors institués sous le nom de fete de Purim (qui signifie tirage au sort) comme des jours de réjouissance pour les Juifs, ou Dieu changea le décret funeste pour les anéantir en victoire sur tous leurs ennemis. 

 Depuis, Purim fait partie du corpus des fetes annuelles juives célébrées jusqu'a aujourd'hui. C'est une fête joyeuse et bruyante, ou l'on se déguise, on danse, on s'échange des cadeaux et ou l'on boit du vin plus que de coutume.

Ce qui ne manque pas de nous interpeler avec le récit du livre d'Esther, c'est qu'il relate la toute première tentative d'extermination du peuple Juif, presque 2400 ans avant le terrible évènement de la shoah, qui fit périr les 2/3 des Juifs d'Europe. Un tel intervalle de temps de 25 siècles jaloné de persécutions, de déportations et de pogroms successifs ne peut que nous questionner sur le sens profond de l'existence du peuple Juif!

Le parallèle entre ce récit ancien, et l'entreprise d'extermination des Juifs par l'Allemagne nazie est particulierement troublant!

Et c'est la que les lettres hébraiques de la meguila d'Esther nous révèlent quelque chose d'absolument fascinant!

 

Le livre d'Esther, qui le 21ème livre du TANAKH, ne contient pas de codes ELS ou d'autres structures numériques comme on en trouve dans le Pentateuque, par contre, certaines constatations étranges furent relevées par les commentateurs:

 

 D'abord, c'est le seul livre de la Bible où le nom de Dieu n'est pas expressement mentionné. Certains commentateurs ont alors suggéré qu'il devait être caché dans le texte d'une façon  particulière.

 

 Ensuite, l'étrange requête de la reine Esther quand le Roi lui demande ce qu'elle désire:

"Le roi dit alors à Esther, la reine : « A Suse-la-citadelle, les Juifs ont tué, anéantissant cinq cents hommes plus les dix fils de Haman. Dans le reste des provinces royales, qu’est-ce qu’ils ont dû faire ! Mais quelle est ta demande ? Elle te sera accordée ! Quelle est encore ta requête ? Ce sera fait ! »

Esther répondit : « S’il plaît au roi, que demain aussi il soit accordé aux Juifs de Suse d’agir selon le décret en vigueur aujourd’hui, et qu’on pende les dix fils de Haman au gibet. »

Ainsi soit fait  dit le roi. Le décret fut promulgué à Suse. On pendit les dix fils de Haman."

Esther 9:13-14

 

Alors que les dix fils de Haman sont déja morts, pourquoi Esther demande-t-elle qu'ils soient pendus?!

 

Or, on constate que bizarrement, le texte va porter une attention très particulière sur les dix fils de Haman, qui ne jouent pourtant qu'un rôle mineur dans le déroulement des évenements:

"Ainsi les Juifs frappèrent tous leurs ennemis à coups d'épée, ils les tuèrent, ils les firent périr et ils traitèrent leurs adversaires à leur gré. Rien  qu'à Suse, la capitale, les Juifs tuèrent et firent périr cinq cents hommes, et Parchandatha, et Dalphôn, et Aspata, et Porata , et Adalia, et Aridata, et Parmachta, et Arizaï, et Aridaï, et Vayezata, les dix fils de Haman, fils de Hammedata, adversaire des Juifs, furent tués"

Esther 9:5-10

 

Non seulement les noms des dix fils de Haman sont mentionnés chacun par leur nom, mais ils sont trancrits de façon étrange, un nom par ligne, avec la conjonction "et" (v'et) en début de ligne, et le nom de chacun en bout de ligne.

Ce style d'écriture ne se rencontre qu'à cet endroit dans le Tanakh, contrairement aux règles de transcription des textes sacrés établis par les scribes!

Certains commentateurs firent remarquer que cette structure avec l'alignement de la conjonction "et" faisait penser à une potence!

Et puis, comme dans la Torah et d’autres livres du TANAKH, on retrouve ici la présence de ce curieux phénomène de grandes et de petites lettres. Nous avons ici une grande lettre: le vav , et trois petites: tav, shin et zain.

Quatre lettres speciales incluses précisément dans la liste des noms des fils de Haman:

 

ET

 

ET                           PARCHANDATHA

 

ET                           DALPHON

 

ET                           ASPATA

 

ET                           PORATA

 

ET                           ADALIA

 

ET                           ARIDATA

 

ET                           PARMACHTA

 

ET                           ARIZAI

 

ET                           ARIDAI

 

                               VAYEZATA

Pour toutes ces lettres, il existe depuis l’origine des annotations ou des commentaires des anciens sages concernant leur signification, d’ordre liturgique, exégétique ou autre, comme par exemple la grande vav du chapitre 11 du Lévitique, qui indique qu'elle est la lettre centrale de la Torah.

Mais pour le livre d’Esther, il n’y a jamais eu aucune indication, ces lettres sont restées un mystère total jusqu’à ces dernières années.

 

C’est un professeur israélien, Mordechay Neugroschel, qui perça le secret du « code d’Esther ». Car ces lettres sont bien un message codé!

En étudiant les textes sacrés à la recherche d’élément annonciateurs d’évènements historiques tels que la deuxième guerre mondiale, il fut frappé par la similitude entre le livre d’Esther et la période nazie: Les discours de Hitler ressemblaient mot pour mot aux propos de Haman! Le plan d’élaboration de la solution finale s’était reproduit pour la deuxième fois dans l’histoire, 2400 ans après sa première tentative! Le lien entre la meguilah d’Esther et la période nazie était absolument évident!

La similitude devint encore plus troublante quand il analysa un évènement historique particulier qui suivit la défaite des nazis:

 

La guerre terminée, les alliés jugèrent  les criminels nazis dans un procès historique mémorable: Le procès de Nuremberg.

Le procès fut organisé par les vainqueurs de l’Allemagne nazie, du 20 novembre 1945 au 10 octobre 1946.

24 personnalités nazies furent jugées. Ces hommes furent accusés de :

  • Crimes contre la paix, c’est-à-dire d’avoir décidé, préparé, organisé la guerre.
  • Crimes de guerre, c’est-à-dire d’avoir violé les règles de la guerre, en exécutant des prisonniers de guerre, et en ne respectant pas les Conventions de Genève.
  • Crimes contre l’humanité, c’est-à-dire d’avoir organisé la déportation et le massacre systématique de populations désarmées, en particulier dans les camps de concentration et d’extermination.
Proces de Nuremberg, 1946
Proces de Nuremberg, 1946

Le procès se termina mais le verdict fut différé de nombreuses fois par des appels et des demandes d’amnistie. Finalement le verdict fut prononcé après le Nouvel An juif : Onze condamnations à mort par pendaison (C’était la première fois que des militaires étaient exécutés de cette façon, normalement ils auraient dû être passés par les armes). 

Les condamnés étaient: Fritz Sauckel, Alfred Joel, Arthur Seyss-Inquart, Hermann Göring, Joachim von Ribbentrop, Wilhelm Keitel, Ernst Kaltenbrunner, Alfred Rosenberg, Hans Frank, Wilhelm Frick, et Julius Streicher.

Cependant Göring réussit à se suicider quelques heures avant l’exécution de la sentence en avalant du cyanure.

Ils restèrent donc dix à être pendus, comme les dix fils de Haman!


La sentence fut exécutée le 16 octobre 1946. 


Le dernier des dix condamnés, Julius Streicher, va alors retenir l’attention par son comportement et ses dernières paroles pour le moins mystérieuses.

Julius Streicher était un ardent propagandiste de l’idéologie nazie, c’est lui qui publia l’hebdomadaire violemment antisémite Der Stürmer, et sa tristement célèbre devise: Die Jude Sind unser Unglück (les Juifs sont notre malheur). Bien qu’il ne fût pas impliqué directement dans les déportations et les crimes de guerre, contrairement aux autres idéologues nazis qui ne furent condamnés qu’à des peines de prison, il fut condamné à mort à l’unanimité des juges.


Plusieurs journalistes étaient présents le jour de l'exécution des condamnés, le correspondant du NewsWeek écrivit un article détaillé décrivant la scène:
Neuf des condamnés ont été à la mort avec fierté. Quant au dixième, Julius Streicher, il a fallu le traîner de force à la potence.

Seul Julius Streicher s’en alla sans dignité. Il fallut le pousser sur le plancher, les yeux hagards et hurlant « Heil Hitler ».

En montant les marches, il s’écria: « Et maintenant, je vais à Dieu »

Il regarda alors fixement les témoins qui étaient en face de la potence et se mit à crier: «Ce sont les Juifs qui vont être contents! Fête de Pourim 1946! »

La trappe s’entrouvrit sous ses pieds. Ce furent ces derniers mots audibles!

 

Un journaliste écrivit que Pourim est un « Carnaval Juif »

L’événement fut aussi rapporté, entre autres par le journal France Soir.

Les journalistes notèrent sans comprendre les propos de Streicher, personne ne sait ce qu’il a voulu dire! Pourquoi cette référence à la liturgie juive juste avant de mourir? De plus, nous étions au mois d’Octobre alors que la fête de Pourim tombe au mois de Mars!

Le mystère devait encore perdurer plusieurs décennies, jusqu’à la découverte du Professeur Neugroschel.


Le professeur entreprît alors de s’attaquer au mystère des trois petites lettres et du grand vav de la liste des noms des fils de Haman.

Il commença par calculer la valeur numérique des petites lettres:

  • ת   tav 400
  • ש   shin 300
  • ז   zain 7
La somme de ces lettres nous donne le nombre 707. Cela pouvait correspondre à une date du calendrier hébraïque, mais sans en préciser le millénaire. 
C’est alors que la grande lettre  ו vav, dont la valeur numérique est 6, donna la solution: elle correspond au sixième millénaire du calendrier hébraïque, qui englobe les année de 5000 à 6000.
Cela nous donne l’année 5707, qui correspond à l’année 1946 du calendrier grégorien!

Quant au mystère de la demande d’Esther, de faire pendre les dix fils de Haman alors qu’ils sont déjà morts, les commentateurs le considèrent comme un code prophétique: 

Dans le passage en question, le dialogue se passe entre la reine Esther et « le Roi », sans indiquer le nom d’Assuerus. Dans ce cas « le Roi » est une métaphore pour indiquer qu’il s’agit de Dieu dans un langage codé, et « demain » fait référence à un futur lointain.

La demande d’Esther est donc une prophétie pour le futur: Que le jugement des dix fils de Haman se reproduise une deuxième fois dans le futur.

À 24 siècles d’intervalle!

L’histoire de cette découverte du code d’Esther a fait l’objet d’une enquête de la part d’un journaliste et animateur de télévision bien connu, Bernard Benyamin, créateur du magazine hebdomadaire «Envoyé Spévial ». Avec un autre réalisateur, Yohan Perez, il a écrit un livre sur le sujet, intitulé « Le code d’Esther », édité en 2012.